Le Collectif pour la démocratie

Une diaspora au service du développement de son pays : Comment y parvenir au Togo? ...Le cas le plus connu au Togo est le Collectif pour la démocratie au Togo qui regroupe la Communauté Togolaise au Canada (CTC).

Une diaspora au service du développement de son pays : Comment y parvenir au Togo?

Dans l’analyse du processus de développement, la variable migration se perçoit à la fois sous une optique de perte et de gain pour la construction des pays de départ. Les données de ce XXIe siècle accordent une plus grande importance au côté positif de cette variable. En effet, beaucoup d’analystes s’accordent aujourd’hui à reconnaître que les émigrants peuvent représenter potentiellement des diasporas susceptibles d’être mobilisées au profit de leur pays d’origine.

Il suffit de tourner le regard vers les activités des diasporas de certains pays pour conclure qu’elles en représentent un flux et un reflux de forces économique, politique, sociale et culturelle potentielles. La Banque Mondiale indique qu’en 2005, les travailleurs migrants ont transféré 167 milliards de dollar US vers les pays les moins avancés et près de 8 milliards de dollar US vers l’Afrique subsaharienne. Les deux millions de Sénégalais vivant à l’étranger ont transféré par circuit officiel 300 milliards de FCFA en 2005. Au Ghana, toujours pour la même année, le budget de l’Etat a été financé à 50% par les Ghanéens de l’étranger. Le parc HSINCHU, leader mondial dans le secteur des ordinateurs personnels et des circuits intégrés, n’a-t-il pas été créé grâce aux scientifiques et ingénieurs taïwanais de retour des USA dès 1996?

Fort de ce constat, on peut affirmer, sans se tromper, que le continent africain pourrait trouver ses propres solutions à ses problèmes de développement et compenser ainsi l’amenuisement des ressources de l’aide qu’il reçoit des pays du nord s’il exploitait les moyens financiers et humains de sa diaspora.

En réalité, dans de nombreuses localités de la plupart des pays africains, les envois de fonds des diasporas constituent une importante source de revenu des individus et des familles.

Au Togo, les fonds transférés par la diaspora ont évolué de 115 milliards de FCFA en 2008 à environ 200 milliards (10,3 % du PIB) en 2009. Certes, ces chiffres sont non moins considérables, mais, comment la diaspora togolaise peut être davantage mise à contribution pour le développement socio économique de notre pays?

Avant de parvenir à quelques pistes de solutions, il serait intéressant de mieux appréhender la notion de diaspora.

Du grec sporo qui veut dire graine ou speira, semer, le mot diaspora signifie dispersion et a été utilisé à l’origine pour désigner la dispersion des établissements helléniques autour de la Méditerranée. Il s’agissait précisément de la migration des savants grecs expatriés et diffusant à travers le monde la culture hellénique.

Dans la tradition biblique, le terme a été utilisé pour désigner la dispersion des Juifs et enfin pour parler des peuples ne disposant plus de territoire national autonome, comme les Palestiniens ou les Kurdes.

A partir des années 1980, la géographie a eu recours à la notion de diaspora pour nommer les communautés nationales migrantes en interaction entre elles et avec le pays d’origine.

Par diaspora togolaise ou Togolais de la diaspora, on devra donc entendre, les communautés des différentes régions du Togo installées dans les quatre coins du monde où elles travaillent, vivent ou survivent tant bien que mal.

Aujourd’hui, les difficultés statistiques au Togo empêchent de dire exactement le nombre de personnes qu’il faut incorporer dans cette catégorie de citoyens qui peut être considérée comme un prolongement de la société civile togolaise.

De manière générale, les associations diasporiques participent à la lutte pour le développement de leur pays d’origine, notamment dans la promotion de la culture démocratique et de l’Etat de droit. Le cas le plus connu au Togo est le Collectif pour la démocratie au Togo qui regroupe la Communauté Togolaise au Canada (CTC).

Le Gouvernement togolais, dans sa politique générale pour le développement du Togo, fait de la mobilisation de sa diaspora, une pièce maîtresse surtout dans son processus d’édification nationale. Pour le Chef du gouvernement, SEM Gilbert Fossoun HOUNGBO, les Togolais de la diaspora « constituent une chance pour le pays » en ce qu’ils ont bénéficié et bénéficient encore, dans les pays du nord, de bons niveaux de formation notamment dans les professions libérales, dans les secteurs scientifiques et technologiques de pointe.

Au-delà des fonds qu’ils transfèrent pour soutenir leurs familles, les expatriés peuvent contribuer au mieux au développement des capacités scientifique et technologique des Togolais restés sur le territoire national.

En effet, si la science et la technologie ont été et demeurent des marques profondes des effets migratoires des savants, chercheurs, professeurs et autres, deux mécanismes peuvent stimuler les expatriés togolais à une contribution plus efficace au développement de leur pays natal :

- la définition des conditions politiques et sociales favorables au retour des cerveaux;

- la mise sur pied des réseaux de mobilisation à distance et de reconnexion des chercheurs, des ingénieurs de la diaspora avec la communauté scientifique présente sur le territoire national.

Que ce soit pour l’une ou l’autre des options, le rôle de l’Etat est très déterminant dans la réussite des projets diasporiques. L’Etat devra créer les conditions politiques, économiques, sociales, juridiques et culturelles nécessaires pour mettre à profit tous les potentiels que représente sa diaspora composée de toutes les couches sociales. L’exemple des nouveaux pays industrialisés devrait être ici un signe instructeur. En effet, ces pays, à la fin des années 1970, ont mis en place des politiques et des programmes visant une réinsertion systématique de leurs nationaux formés à l’étranger, et ont financé des projets d’aide au retour, dans leur pays d’origine, des membres hautement qualifiés.

Les dirigeants togolais, en premier, devraient donc réitérer leur engagement dans ce domaine et considérer l’apport de la diaspora togolaise comme une alternative à l’aide publique au développement qui a endetté le pays depuis des décennies. C’est une tâche qui ne semble pas très aisée. La première initiative en la matière consistant à répertorier les émigrants togolais incombe, sans aucun doute, au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération qui doit définir en la matière une politique claire.

En rendant opérationnelle la Direction des Togolais de l’Extérieur (DTE), on peut affirmer, sans se tromper, que S.E.M Elliott OHIN, Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et la de Coopération, entend faire de ses compatriotes de l’extérieur, un des principaux acteurs de développement du Togo. Mais encore faut-il que des moyens nécessaires soient mis à sa disposition par l’Etat pour le fonctionnement de ladite direction.

« Togolais viens, bâtissons la cité », cet appel inscrit dans notre hymne national doit être entendu par la diaspora togolaise pour qu’ensemble, nous puissions bâtir un Togo nouveau et prospère.

A terme, l’expérience togolaise en matière de la mise à contribution des compétences de sa diaspora devra amener l’opinion publique nationale et internationale à préférer les termes mobilité, circulation ou échange de cerveaux à l’expression « fuite de cerveaux ».

Auteur : KAMELE Malemda, Chargé d’études à la DADS